Après avoir suivi la majorité des épreuves de près, à photographier, à aider, à assurer la sécurité et le ravitaillement je me suis rendue compte à la 10e que c’était l’une des rares où j’ai put assister pratiquement du début à la fin. Voici donc en photos et en mes mots l’épreuve de la traversée du lac Wapizagonke. Puisque Marc-André parle toujours beaucoup, j’ai décidé que cette fois les mots venaient de moi.


Il faut dire que cette épreuve a été un peu différente du plan de départ, le confinement n’aura pas aidé à un entraînement adéquat et la fermeture des terrains de canot camping ne nous aura pas permis de dormir sur place comme prévu. On a donc dut se trouver un camping hors du parc, moins pratique et surtout moins rustique. Il faut faire des compris il paraît. La température elle, était de notre côté, les orages et la pluie annoncés se seront fait timides et nous auront laissé le champ libre pour être quasiment seuls sur le lac. Seuls... avec 3-4 millions de moustiques plus ou moins.

Le matin du départ notre embarcation à Julien et moi est prête, Marc-André enfile son wetsuit. Plus il blague et fait le clown, plus je le sais nerveux. Le point de départ donne sur une vue très vaste du lac, de quoi faire peur et se rappeler l’ampleur de ce projet. Le projet que Marc-André qualifie encore de «petit». Manque d’entraînement, manque de nature, on a été enfermés à la maison pendant 3 mois après tout, de voir une si grande étendue d’eau à nager peut donner le vertige. Bien qu’il excelle dans tout ce qu’il entreprend, Marc-André est avant tout un coureur, un skieur, un cycliste, la nage n’est pas dans le top 3 sur la liste. Ça aussi, ça doit faire peur, se lancer dans une épreuve avec un sport qui nous est moins naturel.

Allez, à l’eau.

Après à peine 100m il sort la tête de l’eau, ça ne marche pas. Le souffle court mais pas essoufflé d’avoir nagé, c’est la panique qui s’installe. Pendant environ 1km il doit s’arrêter à chaque 100m et semble se demander ce qu’il fait là. Julien lui avait demandé la veille laquelle des épreuves il ne voudrait pas refaire, la réponse devient soudainement pas mal plus évidente; celle là.


La première journée se continue avec la même trame de fond; le stress. Les arrêts fréquents se multiplient. Les grands bassins donnent l’impression de ne jamais avancer. Tout pour aider, le canot dans lequel on est avance petit à petit avec le vent, vent qui ne fait pas avancer Marc-André pour autant. On semble donc s’éloigner alors que lui a l’impression de ne pas avancer.


Quand il raconte l’épreuve j’entends Marc-André dire qu’à ce moment, sans nous le dire, il doutait. Allait-il terminer l’épreuve? Était-ce trop ambitieux? Je le voyais plus fatigué à chaque arrêt, étourdi en sortant de l’eau, je le savais pourtant capable.

La journée se termine sur cette note.

Un peu de douleur à l’épaule et beaucoup de questionnement quant au lendemain, où un autre 7km de nage l’attend.


Jour 2

Dans ce projet il y a beaucoup de courage, de générosité, de persévérance mais aussi un peu d’inconscience. C’est d’ailleurs cette inconscience qui a fait en sorte que l’épreuve s’est poursuivie malgré une première journée difficile, je crois.


À ce moment Marc-André décide qu’on va se rendre en canot à la fin du Wapizagonke, près des chutes, là où l’épreuve devait se terminée initialement et qu’il nagera de là jusqu’au point où il a terminé la veille. Les moustiques, une bonne gang bien intimidante de moustiques forcent Marc-André a enfiler son wetsuit à la vitesse de l’éclair et de se lancer à l’eau sans trop pouvoir penser. Qui aurait cru qu’après une première journée aussi éprouvante, il aurait hâte de commencer à nager. Le départ se fait donc à un rythme plus régulier. Le bassin est plus petit, l’eau calme et on ne voit pas trop loin devant nous c’est donc encourageant de voir la progression. Les prochains km se font avec une bonne constance, moins d’arrêts, plus de plaisir.

Vient le moment d’embarquer dans le canot avec nous pour une courte distance, là ou le lac n’est pas assez profond pour nager. Ceux qui connaissent Marc-André ne seront pas surpris d’apprendre que malgré la quasi solitude sur le lac il a trouvé le moyen de tomber face à face avec un ami du CÉGEP. Pour vous faire une histoire courte… vous pourriez aller à l’autre bout du monde avec Marc-André, le hasard ferait en sorte qu’il y trouverait quelqu’un qu’il connait.

photo cellulaire

Après la courte distance dans le canot on tente de le débarquer sur une petite plage, à ce moment on perd environ la moitié de Marc-André dans la vase. C’est donc plus logique et plus sécuritaire qu’il rembarque dans le canot avec nous (en prenant bien soin au passage de presque nous faire chavirer) et qu’on le dépose à la prochaine plage. Il a donc sauté un bassin assez large, bien que pas très long qui je crois, l’a aidé à garder sa motivation présente depuis le début de la journée 2.

Les kilomètres suivant passent rapidement.

On me dépose à la plage qui mène au stationnement, je suis en charge de remmener la voiture au point de départ, là ou l’on doit remmener le canot. La suite du texte je la connais donc à force d’entendre Marc-André la raconter (J’vous l’ai dit.. il parle beaucoup). La dernière image que je peux photographier de cette épreuve, c’est un Julien qui pogne dans le vent seul dans le canot maintenant moins stable, un vent qui se lève à la minute ou je quitte et un Marc-André qui doit nager dans ce même vent. De ce que j’en comprend c’est donc environ 1 ou 2 Kilomètres plutôt pénibles qui se trouvent devant eux.


Grande finale à la plage.

Cette même plage ou Marc-André à posé les fesses il y a 40 ans avec ses parents (parce que oui, même un athlète a posé les fesses avant de poser les pieds). L’émotion, la nostalgie, la fierté. Le défi est complété avec plus ou moins 14.5 km de nage en 2 jours. Astérix peut aller se rhabiller, sans potion, avec une couple de barres omax et 2 compatriotes en canot Marc-André a relevé un défi de plus pour les 12 travaux qui s’achèvent. Quand on vous dit que les 12 travaux c’est là pour inspirer les gens à bouger, à jouer dehors… vous en parlerez à Julien qui a voulu nager 1.5 km dans le lac avant de revenir à la voiture. Ce même Julien qui, dès que le parc ouvrira les réservation, se trouvera un terrain de canot camping pour y emmener sa famille.


Malgré ce 10e défi réussi, Marc-André ne réalise toujours pas l’ampleur de ce grand projet. Il semble étonné chaque fois que quelqu’un le félicite, chaque fois que quelqu’un se sent inspiré par ses aventures. Tu te souviens au début de la première journée de nage Marc-André avait dit que l’épreuve qu’il ne referait pas c’était celle là? Va savoir si c’est l’inconscience ou la persévérance qui parle mais son avis à déjà changé à ce sujet. On a maintenant un Marc-André qui dit qu’avec la possibilité de s’entraîner plus sérieusement, sans confinement, sans pandémie, il referait ce défi sans hésiter mais cette fois en une seule journée. Le pire c’est que j’y crois aussi.